On ne connaît pas seulement l’autre au travers d’une exploration étonnante et amusante. Rencontrer l’autre, c’est aussi rentrer en conflit avec lui. Quand deux personnes de deux cultures différentes se rencontrent, c’est deux mondes qui se joignent. Parfois les deux personnes ne parviennent pas à se comprendre parce que leur point de vue est trop différent. Cela donne un malentendu voire même un conflit. Si on arrive à comprendre le malentendu et à dépasser le conflit, on en ressort enrichi car on a appris quelque chose sur la culture de l'autre. Ca nous est arrivé hier. Depuis le début du séjour des petits éléments qui nous heurtent et puis tout à coup le clash.
Nous ne savons pas comment nous situer par rapport à Pulchérie, nous faisons en sorte de l'aider mais nous observons que c'est toujours elle qui fait la cuisine, alors nous lui proposons pour lui faire plaisir de faire des crèpes. C'est l'anniversaire de Bonaventure et nous voulons lui faire une surprise. Nous en parlons avec Pulchérie qui dit d'accord. on fait les courses, on fait la cuisine, et au moment du repas on apprend que Pulchérie a prévu du lapin avec des patates douces alors que nous pensions faire repas crèpes. Nous étions un peu déçues. En fait ce que nous ne savions pas c'est que proposer de faire tout le repas à la place de Pulchérie, c'est pour elle un affront. La femme béninoise trouve sa position sociale dans la cuisine et elle en est honorée. Son honneur consiste à honoer son mari, ses enfants et ses invités en s'occupant de la maison. Nous pourrons donc proposer des plats français mais toujours en accompagnement, jamais nous ne pourrons nous charger de tout le repas car c'est comme si on faisait disparaître Pulchérie.
A priori le mot 'casse pied" est un mot très fort au Bénin et à manier avec précaution, au risque de blesser son interlocuteur. et oui ils parlent français mais les mots ne veulent pas dire tout à fait la même chose selon la région, le pays, ...
Ce qui est difficile aussi c'est l'organisation du projet. On avance peu à peu, même bien, mais là aussi on se heurte à des problèmes culturels. Enfin avec une bonne discussion on règle bien des choses et ça commence à aller beaucoup mieux. Lundi nous commençons la formation informatique pour les maîtres à l'école.
Nous terminerons par ce mot de Tonton, Pépère, Claude dont nous entendons beaucoup parler ici : "pour raconter l'altérité, il faut déjà la comprendre". Nous dirions aussi que raconter l'altérité c'est aussi raconter ce qu'on ne comprend pas de l'altérité, ce qui nous pose problème, ce qui nous choque, toujours sans jugement. Et c'est pas toujours facile d'être ainsi remis en question mais c'est riche en apprentissage.